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J'ai emprunté à l'argile ses possibilités de construction, la qualité de ses matières offertes par la haute température et j'ai élaboré, au fil des années, un monde de stèles, de totems, de figures, de personnages qui s'élèvent comme des signes dans l'espace et qui imposent leur présence plastique comme des interpellations.
J'utilise principalement des grès chamottés dont la solidité et la durabilité permettent l'inscription de la céramique dans des espaces liés à l'architecture et à l'environnement. Matières tantôt mates et rugueuses, tantôt somptueuses de brillance, colorées de noirs, de rouges ou de bleus: contrastes qui magnifient le caractère de l'argile.
Je travaille à partir d'ébauches, de petites maquettes de quelques centimètres de haut, croquis de terre, qui sont le fil conducteur de mes recherches et qui précèdent la réalisation des sculptures. Chaque pièce de plus d'un mètre de hauteur est composée de plusieurs éléments. Ces volumes sont modelés, assemblés et ajustés, séparés ou réunifiés au gré des étapes du travail. Au terme de ce processus jalonné de transformations, les sculptures acquièrent leur aspect définitif: intrigant, silencieux, monolithique.
J'ai conçu, avec le matériau céramique, de nombreux projets pour des lieux publics. Plusieurs ont été primés, certains réalisés. La céramique permet une grande diversité de propositions et de créations. En s'intégrant tant dans des lieux ouverts que des lieux privés, plus intimes mon travail invite le spectateur à la découverte et au toucher et affirme la place de l'art dans la vie quotidienne.
Matériau d'expression, à l'égal du bois, de la pierre, du bronze, ou du métal; matériau en devenir, champ d'investigation, d'expérimentation et d'observation, espace de réflexion: la céramique offre ses possibles à mes questionnements et à mes rêves.
Monique Wuarin
Juin 1999
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